« C’était l'hiver, on célébrait la fête de la dédicace ... »
Le texte de l’Évangile de Jean commence de façon bien incongrue en ce printemps renaissant...
C'était l'hiver pendant le printemps ... et on célébrait la fête de la dédicace. Nous sommes heureux nous aussi de pouvoir fêter ce matin, le baptême de Mathieu et de pouvoir célébrer la Cène. L'épidémie de Covid nous a privé de toutes ces belles réunions. Et voici le retour de la fête
Il faut donc s'imaginer une foule importante qui passait le portique de Salomon pour accéder au Temple. C’est sous ce même portique que Jésus tel un général de guerre à la manœuvre allait et venait.
La fête de la dédicace commémore la purification et la re-consécration du Temple, en 165 av. J. -C suite la victoire militaire de Judas Macchabée libérateur de Jérusalem et de son temple
Macchabées … si vous avez un jour visité cette cathédrale ce nom vous est familier.
La cathédrale Saint-Pierre abrite la chapelle des Macchabées, pourtant cette histoire des Macchabées est peu connue. Elle est relatée dans le livre des Macchabées. Dans le protestantisme, les écrits des Macchabées ont été rejetés du corpus biblique. Les catholiques en ont gardé deux livres sur quatre dans leurs traductions.
Je ne résiste pas à lire quelques versets du livre premier des Macchabées, lorsque victorieux Judas entre dans le temple profané, ainsi vous aurez entendu un extrait de ce livre ... !
37 Tous les soldats se rassemblèrent et ils montèrent sur la montagne de Sion.
38 Ils virent le temple déserté, l'autel profané et les portes brûlées ; il y avait de jeunes pousses d'arbres dans les cours, comme dans les bois ou sur les montagnes ; les salles étaient détruites.
39 Alors ils déchirèrent leurs vêtements, poussèrent de longues lamentations et ils couvrirent leur tête de cendre.
40 Ils se jetèrent face contre terre et, au signal donné par la trompette, ils adressèrent à Dieu leurs prières.
Les prêtres et Jésus se disputent l’espace religieux et spirituel.
Les autorités juives veulent rejouer l’affrontement des Macchabées pour arrêter Jésus.
Alors, ils l'accusent de blasphème ... c'est à dire de rendre impur le nom de Dieu en se disant son fils de Dieu. « Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi qui es un homme tu te fais Dieu. »
En réalité, ils n'ont pas grand-chose à charge contre lui et rien à redire sur ses œuvres. Alors ils emploient une accusation bien pratique dans ces circonstances : le blasphème, parce que selon eux, Jésus souille le nom de Dieu et le rend impur.
C'est tellement simple de déclarer autrui impur, surtout lorsque les législateurs sont aussi les procureurs.
Il rencontre des lépreux, des personnes malades, des femmes en situation d’« impureté » selon la loi juive. Jésus ouvre les impasses de cette lutte de pureté.
mais vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
27 Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles viennent à ma suite. 28 Et moi, je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main.
Un mouton a un esprit grégaire, il suit le groupe, le troupeau a ainsi besoin d’un berger pour être guidé. Cette image n'est pas vraiment flatteuse pour nous les brebis.
En baptisant vote fils David et Sophie, vous en avait fait un joli petit mouton.
Moi qui aspire à la liberté, à l'indépendance si choyées par notre époque.
Ai-je vraiment envie de me mettre sous la coupe d'un berger ?
Nous ressentons aussi cette même réticence à l’écoute du Psaume 139 que la grand-mère de Mathieu a lu. Quel est ce Dieu qui me connaît du lever jusqu’au coucher du soleil, qui connaît mes paroles avant même qu’elles affleurent sur mes lèvres.
Inquiétant !
Par certains aspects, le psaume 139 donne de Dieu une image de surveillant général de mes faits et gestes que je ne peux fuir.
Ce qui dérange sûrement là-aussi, c’est l’omniprésence de ce Dieu qui me suit à la trace.
Chacune et chacun sommes responsables de notre réponse. Oui ou non.
En baptisant Mathieu, nous répondons par l’affirmative et il aura ensuite le choix de confirmer cet engagement.
Nous nous ouvrons à la vie.