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10:00| | Prédications | Bruno Gérard

« C’était l'hiver, on célébrait la fête de la dédicace ... »

Le texte de l’Évangile de Jean commence de façon bien incongrue en ce printemps renaissant...

C'était l'hiver pendant le printemps ... et on célébrait la fête de la dédicace. Nous sommes heureux nous aussi de pouvoir fêter ce matin, le baptême de Mathieu et de pouvoir célébrer la Cène. L'épidémie de Covid nous a privé de toutes ces belles réunions. Et voici le retour de la fête

 Parlons justement de la fête. Cette fête de la Dédicace qui faisait se rassembler à Jérusalem de nombreux juifs de tous horizons en plein hiver.

Il faut donc s'imaginer une foule importante qui passait le portique de Salomon pour accéder au Temple. C’est sous ce même portique que Jésus tel un général de guerre à la manœuvre allait et venait.

La fête de la dédicace commémore la purification et la re-consécration du Temple, en 165 av. J. -C suite la victoire militaire de Judas Macchabée libérateur de Jérusalem et de son temple

 Un peu d'histoire autour de cette célébration :

Macchabées … si vous avez un jour visité cette cathédrale ce nom vous est familier.

La cathédrale Saint-Pierre abrite la chapelle des Macchabées, pourtant cette histoire des Macchabées est peu connue. Elle est relatée dans le livre des Macchabées.  Dans le protestantisme, les écrits des Macchabées ont été rejetés du corpus biblique. Les catholiques en ont gardé deux livres sur quatre dans leurs traductions.

 Voici les faits :

 En 165 avant notre ère, d’après le 1er et 2e livres des Maccabées, Lysias, général syrien, lève une armée de 600.000 hommes pour exterminer les Juifs. Juda Macchabée s’avance vers elle avec 10.000 hommes et engage cet inégal combat après avoir invoqué YHWH le Dieu d’Israël.

Je ne résiste pas à lire quelques versets du livre premier des Macchabées, lorsque victorieux Judas entre dans le temple profané, ainsi vous aurez entendu un extrait de ce livre ... !

 36 Judas et ses frères se dirent alors : « Maintenant que nos ennemis sont vaincus, montons à Jérusalem pour purifier le temple et le rétablir dans son service de Dieu. » 

37 Tous les soldats se rassemblèrent et ils montèrent sur la montagne de Sion. 

38 Ils virent le temple déserté, l'autel profané et les portes brûlées ; il y avait de jeunes pousses d'arbres dans les cours, comme dans les bois ou sur les montagnes ; les salles étaient détruites. 

39 Alors ils déchirèrent leurs vêtements, poussèrent de longues lamentations et ils couvrirent leur tête de cendre. 

40 Ils se jetèrent face contre terre et, au signal donné par la trompette, ils adressèrent à Dieu leurs prières.

 L'interpellation contre Jésus, des autorités juives en cette fête de la Dédicace n'est pas anodine. D'une certaine façon Jésus profane le nom de YHWH en se disant son fils.

Les prêtres et Jésus se disputent l’espace religieux et spirituel.

 Les allées et venues de Jésus sont celles d’un conquérant qui va et vient sur son nouveau territoire et à la manière d'un piège, il est encerclé par ses ennemis.

Les autorités juives veulent rejouer l’affrontement des Macchabées pour arrêter Jésus.

Alors, ils l'accusent de blasphème ... c'est à dire de rendre impur le nom de Dieu en se disant son fils de Dieu. « Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi qui es un homme tu te fais Dieu. » 

 Comme les Syriens avaient souillé le temple, Jésus à leur sens, souille le nom de Dieu en se déclarant fils et égal de Dieu. Les autorités veulent exacerber le nationalisme juif présent dans l'histoire des Macchabées, contre Jésus pour l'arrêter.

En réalité, ils n'ont pas grand-chose à charge contre lui et rien à redire sur ses œuvres. Alors ils emploient une accusation bien pratique dans ces circonstances : le blasphème, parce que selon eux, Jésus souille le nom de Dieu et le rend impur.

 C'est un grand classique de la manipulation religieuse ! L'accusation de blasphème. C'est à dire, déclarer qu'une action, qu'une parole, qu'un état comme la maladie rend impur l'autre.

C'est tellement simple de déclarer autrui impur, surtout lorsque les législateurs sont aussi les procureurs.

 Durant son ministère, Jésus essaiera de désamorcer ces accusations d'impureté :

Il rencontre des lépreux, des personnes malades, des femmes en situation d’« impureté » selon la loi juive. Jésus ouvre les impasses de cette lutte de pureté.

 Nous sommes toutes et tous appelés à une forme de sainteté mais cette sainteté, cet être en Dieu ne ressemble en rien à une purification. Elle est un don à recevoir dans la reconnaissance de notre dépendance à Dieu.

 C'est ce que Jésus tente une nouvelle fois d'expliquer aux autorités juives :

mais vous ne me croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. 

27 Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles viennent à ma suite.  28 Et moi, je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. 

 Un berger et des brebis : l’Évangile de Jean annonce la Bonne Nouvelle avec cette image pastorale. Image qui plusieurs siècles en arrière était parlante pour le peuple Israël. Aujourd’hui, citadins dans l’âme très peu d'entre-nous vivent entourés de moutons et de brebis.

 De plus, l'image que nous avons d'un mouton n'est pas très reluisante.

Un mouton a un esprit grégaire, il suit le groupe, le troupeau a ainsi besoin d’un berger pour être guidé. Cette image n'est pas vraiment flatteuse pour nous les brebis.

En baptisant vote fils David et Sophie, vous en avait fait un joli petit mouton.

 En réalité, je pense que ce qui nous gêne dans cette imagerie pastorale, reste que l'image de la brebis vient heurter nos désirs d'indépendance, de libre arbitre et l'envie de diriger notre vie sans se placer sous la houlette du berger ! Et surtout notre aspiration à ne pas suivre le troupeau.

 Elle nous heurte de plein fouet cette image du berger et de la brebis ... ai-je vraiment envie d'être une brebis ?

Moi qui aspire à la liberté, à l'indépendance si choyées par notre époque.

Ai-je vraiment envie de me mettre sous la coupe d'un berger ?

Nous ressentons aussi cette même réticence à l’écoute du Psaume 139 que la grand-mère de Mathieu a lu. Quel est ce Dieu qui me connaît du lever jusqu’au coucher du soleil, qui connaît mes paroles avant même qu’elles affleurent sur mes lèvres.

Inquiétant !

Par certains aspects, le psaume 139 donne de Dieu une image de surveillant général de mes faits et gestes que je ne peux fuir.

Ce qui dérange sûrement là-aussi, c’est l’omniprésence de ce Dieu qui me suit à la trace.

 Pourtant, ce psaume 139 révèle un autre Dieu. Un Dieu de pudeur et de tendresse qui comme une mère, un père s’occupe d’un enfant en étant devant et derrière moi.

 Le psaume 139 comme l’Évangile de Jean interpellent : Est-ce que je me place sous la houlette du « bon » berger et de ce Dieu qui connaît tout de moi ?

Chacune et chacun sommes responsables de notre réponse. Oui ou non.

En baptisant Mathieu, nous répondons par l’affirmative et il aura ensuite le choix de confirmer cet engagement.

 L'expérience de la vie montre que seul je suis vite rejoint par mes limites. Le désir de liberté s'avère une impasse car je suis toujours entre moi et moi. Qu'aucun regard vient me sortir de mon isolement.

 La plus grande humilité devant Dieu est de reconnaître en toute liberté que sans lui je ne suis pas grand-chose. Nous ne nous engageons pas ainsi dans une dynamique d’auto-flagellation et de pénitence morbide.

Nous nous ouvrons à la vie.

 Ce n'est pas un choix par défaut, c'est une acceptation volontaire ... une lutte, un chemin de vie éternelle qui s'ouvre à moi.

 Un chemin de vie dans les mains ouvertes du fils de Dieu ...

 Des mains ouvertes pour accueillir et non des mains fermées sur des pierres pour lapider !

 Des mains ouvertes pour accompagner celles de mon enfant sur son chemin de vie.

 Des mains pour aimer.

 Amen

 

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